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Moe Koffman – Swinging Shepherd’s Blues – 1957   Player

Biographie par Elaine Keillor

Moe KoffmanMorris « Moe » Koffman (né à Toronto, le 28 décembre 1928, et décédé à Orangeville en Ontario, le 28 mars 2001) s’initie d’abord au violon pour ensuite étudier le saxophone alto au Conservatoire de musique de Toronto, l’ancêtre de l’actuel Royal Conservatory of Music. Pourtant, il ne termine pas son cours secondaire, choisissant plutôt de se joindre à différentes formations professionnelles, dont celle d’Horace Lapp à l’hôtel Royal York et celle de Luigi Romanelli, reconnu pour avoir fondé le meilleur orchestre de danse à l’Hôtel King Edward dès 1921. Comme la communauté noire de cette ville est bien plus petite que celle de Montréal, le swing blanc règne à Toronto durant l’entre-deux-guerres.

Dans les années 1940, les nouvelles tendances du jazz se font entendre dans un studio d’enregistrement monté par Clement Hambourg qui, en 1946, ouvre son House of Hambourg, une des premières boîtes de jazz de Toronto. Un peu plus tard, Koffman y rencontre d’autres musiciens tels Norm Amadio, Gordon Delamont, Ron Collier et Norman Symonds, pour faire des bœufs issus de cette nouvelle musique : le Bebop. Né à New York dans la première moitié de cette même décennie, le style « bop » se distingue par son vocabulaire harmonique plus riche que celui des orchestres swing, d’une rythmique plus stratifiée et d’un espace accru accordé aux solistes improvisateurs. Après avoir été élu meilleur saxo alto lors d’un sondage radiophonique de la CBC en 1948, Koffman se rend aux États-Unis pour graver son premier disque à Buffalo. Fasciné par le bop, il élit domicile à New York de 1950 à 1955. Durant ce séjour, il étudie d’abord la flûte avec Harold Bennett de l’Orchestra de l’Opéra du Metropolitain, puis la clarinette avec Leon Russianoff de l’Orchestre Philharmonique en plus de jouer dans quelques grands orchestres, dont ceux de Jimmy Dorsey et de Sonny Dunham.

Moe Koffman
Moe Koffman & His Quartet

Courtesy of Library & Archives Canada

De retour au pays, il met sur pied ses premiers ensembles, habituellement quintette ou septette, et se consacre à la performance et, jouant plusieurs instruments, à l’enregistrement en studio. Il grave aux studios RCA Victor à Toronto un disque intitulé Hot and Cool. Des morceaux inscrits au programme de cette séance du 7 février 1957, il interprète à la flûte sa pièce « The Swingin’ Shepherd Blues », appuyé ici par le guitariste Ed Bickert, le bassiste Hugh Currie et le batteur Ron Rully. À l’origine, cette pièce s’appelle « Blues à la Canadiana », mais est renommée à la demande expresse du producteur. Le morceau se rend au premier rang du palmarès, occasion unique dans les annales pour cet instrument. Du même coup, ce solo donne une légitimité à la flûte en tant qu’instrument de jazz, traçant ainsi la voie à d’autres spécialistes, dont Jane Bunnett.

Disque de Moe Koffman

Estimé autant par ses pairs que par le public torontois, Koffman grave une trentaine de disques, sans compter de nombreuses tournées en Europe, en Australie et dans les Amériques. Durant les années 1980, il se produit à de maintes reprises aux côtés de Dizzy Gillespie. Ayant côtoyé plusieurs genres musicaux à la fois (pop, classique et jazz), tant dans ses compositions que dans ses choix de répertoire, le saxo-flûtiste est néanmoins dénigré par certains puristes, mais ne se laisse pas confiner à un style de jazz. Il préconise aussi l’usage de la technique du souffle continu et il joue plus d’un instrument à la fois.

Il joue comme soliste avec des orchestres symphoniques, se produit au Johnny Carson Show dans les années 1960, joue de la flûte basse pour quantité de commerciaux et trames sonores pour le cinéma et la télévision torontoise. De 1972 à 2000,  il fait partie du Boss Brass de Rob McConnell en tant qu’altiste solo. Il joue aussi diverses flûtes et cuivres lors de séances d’enregistrement et performances à saveur plus populaire. De 1956 à 1994, il est responsable de la programmation de l’une des boîtes de jazz réputées de Toronto,  George’s Spaghetti House. Il agit à titre de contracteur musical pour les productions de la Live Entertainment Corporation de Garth Drabinsky entre 1989 et 1999. En plus de ses occupations et prestations scéniques, Koffman compose sans relâche. Les musiques thèmes intitulées « Curried Soul » et Koff Drops », de l’émission As It Happens de la CBC, sont les plus connues.

Koffman reçoit, en 1981, le Prix Wm. Harold Moon de Pro Canada pour son travail de performeur, suivi du Toronto Arts Award en 1991. Deux ans plus tard, il reçoit aussi le prix de composition de la Socan, et deux prix consécutifs (1993 et 1994) comme meilleur flûtiste au sondage annuel du magazine Jazz Report. En 2001, il est, avec Oscar Peterson, l’un des deux premiers élus au Temple de la renommée canadienne du blues et du jazz.

 

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