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Jean-Pierre Ferland – Jaune – 1970   Player

Biographie de Robert Thérien

Jean-Pierre FerlandÉtudiant aux Hautes Études Commerciale, Jean-Pierre Ferland travaille comme comptable avant d'entrer, en 1956, au service des nouvelles de la SRC. Il commence à écrire des chansons (en secret), prend des cours de guitare avec Stephen Fentock et fait sa première apparition télévisée le 5 janvier 1957 à l'émission «À la romance» (SRC) animée par Lucille Dumont. Poussé par ses amis de la salle de nouvelles, Ferland enregistre chez London quatre chansons en février 1958, dont Marie-Ange la douce, puis quitte son emploi à la SRC. Avec Claude Léveillée, Hervé Brousseau, Clémence DesRochers, Raymond Lévesque et le pianiste André Gagnon, il ouvre, le 14 mai 1959, une des premières boîtes à chansons, Chez Bozo, qui devient, durant sa brève existence, le rendez-vous des artistes locaux et étrangers. La même année, Jean-Pierre Ferland fait un premier passage à la prestigieuse émission de variétés «Music-Hall» (SRC) et enregistre un premier album. Il compose le thème de l'émission «Du côté de chez Lise» (Du côté de la lune), puis, deux ans plus tard, ceux des émissions «Les couche-tard» (SRC) et «Tous pour un» (SRC). Lancé à l'automne 1961, son deuxième album, qui contient les classiques Les immortelles et Ton visage, le fait connaitre du grand public. Cette année-là, il anime «Visite aux chansonniers» avec le pianiste Paul De Margerie. En mars 1962, sa chanson Feuille de gui, écrite sur une musique de Pierre Brabant, remporte le premier prix du Concours Chanson sur mesure organisé par la Communauté radiophonique des programmes de langue française. Extraite de son troisième album, Fleur de macadam s'ajoute aux succès de Ferland qui anime «L'été des Bozos» avec ses camarades de la petite boite de la rue Crescent et monte le spectacle "Les résistants" avec Clémence DesRochers. En décembre 1962, Jean-Pierre Ferland, part pour la France où il chante au cabaret parisien La tête de l'art, puis au printemps suivant, à Bobino, en première partie de Colette Renard. Il représente la SRC au Festival de la chanson à Sopot (Pologne) et remporte un prix d'interprétation lors d'un festival similaire à Cracovie. Il enregistre en France un cinquième album (M'aimeras-tu ou ne m'aimeras-tu pas, Je te cherche) puis revient au Québec où il effectue une tournée de 54 villes et reçoit le trophée Rolande-Désormeaux au Gala des Artistes de 1964. L'année suivante, Jean-Pierre Ferland anime à la télévision «Le Club des jnobs» puis le volet «boîte à chansons» de l'émission «Jeunesse oblige» (SRC). Son sixième album, orchestré par le pianiste Franck Dervieux, lui amène le prix du meilleur auteur-compositeur-interprète au Festival du Disque de 1965.

Guy Latraverse devient l'impressario de Jean-Pierre Ferland et lui organise au Québec et dans les provinces maritimes une longue tournée qui se termine par un récital à la Place des Arts en mars 1966. Ferland retourne à Paris où il chante au Théâtre populaire de la chanson de Jacques Douai et effectue une tournée européenne. Après une tournée des provinces maritimes dans le cadre des Fêtes du centenaire du Canada, le chansonnier lance un huitième album qui contient les succès Je le sais, Marie-Claire et surtout, Je reviens chez nous, qui demeure, à ce jour, un des plus grands succès populaires de la chanson francophone. L'album remporte le grand prix du Festival du disque de 1968 alors que son auteur reçoit le prix de popularité dans la catégorie auteur-compositeur-interprète. La consécration vient également d'Europe avec le grand prix de l'Académie Charles-Cros. Après un triomphe à la Comédie-Canadienne (TNM) en mars 1968, Ferland retourne à Bobino à Paris et lance de nouvelles chansons: Un peu plus loin, Les femmes de trente ans, Qu'êtes-vous devenues, Sainte-Adèle, P.Q. qui lui méritent encore une fois le trophée de l'auteur-compositeur-interprète ayant vendu le plus de disques au Festival du disques de 1969. Cette année-là, Jean-Pierre Ferland tient pendant trois semaines la vedette de la Place des Arts, effectue une tournée québécoise, anime la série «Salut Jean-Pierre», télévisée au Canada, en France, en Belgique et en Suisse et prend l'affiche de l'Olympia de Paris pendant une semaine aux côtés de Marie Laforêt. En 1970, il chante à l'Exposition internationale d'Osaka au Japon.

Pochette Jaune

En octobre 1970 paraît l'album "Jaune" qui, par la qualité de sa conception, de ses orchestrations et de son enregistrement, devient une œuvre de référence pour l'industrie du disque québécois au cours des années 1970. Bousculé par les nouvelles tendances musicales représentées par Robert Charlebois, Ferland modifie son style et présente des pièces hautement imaginatives, tel Le petit roi, Le chat du Café des Artistes, God Is An American, Sing Sing et Quand on aime, on a toujours vingt ans. Il présente à la fin de novembre 1970, un spectacle extravagant à la Place des Arts avec, comme éléments de décor, d'immenses pelles mécaniques jaunes. "Soleil", l'album suivant paru en 1971, s'avère encore plus ambitieux que le précédent (Le monde est parallèle, Mon ami JC, Si on s'y mettait, Monsieur Gobeil et Le soleil emmène au soleil). Jean Pierre Ferland termine l'année au sommet de la gloire, chantant avec l'Orchestre Symphonique de Montréal à la Place des Arts. En 1972, il est élu meilleur auteur-compositeur-interprète au Gala des Artistes. Poursuivant sa mutation, Ferland se tourne vers des rythmes plus rock avec Jean-Pierre Lauzon, ex-guitariste du groupe Charlee. Ils composent ensemble Qu'est-ce que ça peut ben faire, Le show-business, Swingnez votre compagnie et surtout, T'es mon amour, t'es ma maîtresse, dont une version enregistrée en duo avec Ginette Reno connait un immense succès en 1974 (plus de 200 000 exemplaires vendus). En avril 1975, Jean-Pierre Ferland tient la vedette de la salle Maisonneuve de la PDA pendant trois semaines puis lance un album enregistré en spectacle à la prison des femmes Tanguay de Montréal. En juin 1976, il chante avec Yvon Deschamps, Gilles Vigneault, Claude Léveillée et Robert Charlebois au Bois-de-Coulonge à Québec et sur le Mont-Royal à Montréal lors des célébrations de la Fête nationale. L'album "Une fois cinq" issu de ces spectacles remporte l'année suivante un grand prix de l'Académie Charles-Cros. À l'automne 1976, Ferland bat ses propres records en tenant cinq semaines la vedette de la salle Maisonneuve de la PDA puis amorce une gigantesque tournée du Québec. Avec son ami, le technicien du son André Perry, il travaille en 1977 à la sortie de l'album "La pleine lune" (1977) marqué par la superbe chanson Que veux-tu que je te dise. Il se produit à la salle Wilfrid-Pelletier de la PDA en février 1978 avant de prendre une année sabbatique. De retour en 1980, Ferland présente un nouvel album (Fer-à-pitons, Si je savais jouer du piano) et un spectacle à la Place des Arts. Il amorce une fructueuse collaboration avec le pianiste et chef d'orchestre Daniel *Mercure. Ensemble, ils produiront les chansons Le doux billet doux, Y'a pas deux chansons pareilles, Je m'entends craquer et Télégramme à une folle, parues sur deux albums enregistrés en 1981 et 1984.

Dans les années 1980, Jean-Pierre Ferland poursuit sa carrière sur plusieurs plans. Ayant fait valoir ses talents d'animateur dans la série «Faut voir ça» (SRC, 1978), il anime le variété estival «Station soleil» (Télé-Québec, 1981-1987). Il devient également producteur et animateur de «Tapis rouge» (SRC, 1986), une série sur le music-hall international qui ne remporte pas tout le succès escompté mais reçoit quand même un *Félix en 1986 pour «Tapis rouge pour Jacqueline Picasso». Suit «L'autobus du show-business» (SRC, 1987-1989), une émission de variétés produite et animée par Ferland qui remporte un très grand succès. À l'été 1989, il s'allie à Pierre Nadeau pour marier variétés et affaires publiques dans «Ferland-Nadeau en vacances» (TVA) qui revient à l'affiche durant les deux étés suivants. Bien qu'ayant presque délaissé la scène durant cette période, il monte en 1984 le spectacle "Du Gramophone au laser" qui retrace les grandes chansons québécoises des derniers 50 ans. Mettant en vedette Louise Portal, Marie-Claire Séguin et Nanette Workman (puis Véronique Béliveau), le spectacle connait un grand succès pendant deux ans et est présenté à la télévision de Télé-Québec. En avril 1989, Jean-Pierre Ferland monte, à la Place des Arts, la comédie musicale "Gala" . Écrite en collaboration avec Paul Baillargeon et mettant en vedette Sylvie Tremblay, Marc Labrèche, Jean Maheux et Robert Marien, l'œuvre est louée par le public mais descendue par la critique.

Après plusieurs années d'absence sur disque, Jean-Pierre Ferland lance en mars 1992, l'album "Bleu, blanc, blues" qui contient les chansons T'es belle, Montréal est une femme et Pissou. Il triomphe en décembre sur la scène du TNM à Montréal et en tournée. Puis il est l'une des vedettes du grand spectacle de la Fête nationale présenté en juin 1993 au Parc Maisonneuve de Montréal. En février 1995, il lance un nouvel album intimiste, qui comprend notamment Écoute pas ça, Une chance qu'on s'a et Envoye à maison. Après sa participation à "La fête à Ferland" aux Francofolies de Montréal en août 1995, le chansonnier présente un nouveau tour de chant et reçoit, en novembre, le Félix de l'auteur-compositeur de l'année au Gala de l'ADISQ. Il remporte d'ailleurs le Félix du scripteur de l'année 1996 pour les textes de son spectacle et un Félix-hommage l'année suivante pour l'ensemble de sa carrière. Après avoir enregistré "L'amour, c'est d'l'ouvrage" à l'automne 1998, Jean-Pierre Ferland est victime d'un accident de moto-neige qui l'immobilise pendant six mois. Son spectacle "En état de marche" est présenté au Théâtre Corona à Montréal et en tournée à l'automne 1999 et pendant la première partie de l'an 2000. Un album témoignant de ces spectacles paraît en mars 2001. En 2004, plusieurs artistes, dont Isabelle Boulay, Kevin Parent, Daniel Lavoie, Michel Rivard et Céline Dion, participent à l'album "Le petit roi", présentant de nouvelles interprétations de chansons de Ferland.

Après plus de 45 ans de carrière, Jean-Pierre Ferland annonce au début de 2005 que la tournée "Trois fois Ferland" sera sa dernière et qu'il prendra sa retraite de la chanson au terme de cette série de spectacles. Après une longue tournée de plusieurs villes du Québec, le chanteur est terrassé par un accident célébro-vasculaire quelques heures avant de donner son dernier spectacle le 13 octobre 2006 au Centre Bell de Montréal. Il se remet rapidement de cet ennui de santé et donne son spectacle d'adieu au même endroit le 13 janvier 2007.

Comme comédien, Jean-Pierre Ferland a incarné, à la télévision, le personnage de Vladimir dans l'émission pour enfants «La boîte à surprise» (SRC, 1961) et, au cinéma, il a tenu la vedette du film de Jacques Vallée “Chanson pour Julie” (1976) dont il a également écrit le scénario et la musique

Leméac a publié en 1969, dans la collection «Mon pays, mes chansons» un recueil de 75 chansons et poèmes de Jean-Pierre Ferland.
Jacqueline Boucher a fait paraître en 1971, aux Éditions Le Carrefour, l'essai biographique et analytique Jean-Pierre Ferland: jaune ou...
Paru en 1993, Mes années d'école (Éditions Jaune, 271 p.) retrace les principales chansons de Ferland, avec commentaires de l'auteur.
Sophie Durocher a signé Hey Boule-de-Gomme, s'rais-tu devenu un homme? (Libre Expression, Montréal, 2005; 160 p.), une biographie du chanteur.

Liens

http://www.jeanpierreferland.com/intro.html
http://www.gsimusique.com/main.php#

 

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